Père du doux repos, Sommeil, père du songe,
Maintenant que la nuit, d'une grande ombre obscure,
Faict à cet air serein humide couverture,
Viens, Sommeil désiré, et dans mes yeux te plonge.
Ton absence, Sommeil, languissamment allonge,
Et me fait plus sentir la peine que j'endure.
Viens, Sommeil, l'assoupir et la rendre moins dure,
Viens abuser mon mal de quelque doux mensonge.
Jà le muet Silence un escadron conduit
De fantômes ballants dessous l'aveugle nuit,
Tu me dédaignes seul qui te suis tant dévot!
Viens, Sommeil désiré, m'environner la tête,
Car d'un voeu non menteur un bouquet je t'apprête
De ta chère morelle, et de ton cher pavot.