Les Montreurs

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Tel qu'un morne animal, meurtri, plein de poussière,La chaîne au cou, hurlant au chaud soleil d'été,Promène qui voudra son cœur ensanglantéSur ton pavé cynique, ô plèbe carnassière!

Pour mettre un feu stérile en ton œil hébété,Pour mendier ton rire ou ta pitié grossière,Déchire qui voudra la robe de lumièreDe la pudeur divine et de la volupté.

Dans mon orgueil muet, dans ma tombe sans gloire,Dussé-je m'engloutir pour l'éternité noire,Je ne te vendrai pas mon ivresse ou mon mal,

Je ne livrerai pas ma vie à tes huées,Je ne danserai pas sur ton tréteau banalAvec tes histrions et tes prostituées.

© Leconte de Lisle