Elle avait de beaux cheveux, blonds
Comme une moisson daoût, si longs
Quils lui tombaient jusquaux talons.
Elle avait une voix étrange,
Musicale, de fée ou dange,
Des yeux verts sous leur noire frange.
Lui, ne craignait pas de rival,
Quand il traversait mont ou val,
En lemportant sur son cheval.
Car, pour tous ceux de la contrée,
Altière elle sétait montrée,
Jusquau jour où il leut rencontrée.
Lamour la prit si fort au cur,
Que pour un sourire moqueur,
Il lui vint un mal de langueur.
Et dans ses dernières caresses:
Fais un archet avec mes tresses,
Pour charmer tes autres maîtresses.
Puis, dans un long baiser nerveux,
Elle mourut. Suivant ses vux,
Il fit larchet de ses cheveux.
Comme un aveugle qui marmonne,
Sur un violon de Crémone
Il jouait, demandant laumône.
Tous avaient denivrants frissons
A lécouter. Car dans ses sons
Vivaient la morte et ses chansons.
Le roi, charmé, fit sa fortune.
Lui, sut plaire à la reine brune
Et lenlever au clair de lune.
Mais chaque fois quil y touchait
Pour plaire à la reine, larchet
Tristement le lui reprochait.
Au son du funèbre langage,
Ils moururent à mi-voyage.
Et la morte reprit son gage.
Elle reprit ses cheveux blonds
Comme une moisson daoût, si longs
Quils lui tombaient jusquaux talons.