A Antoine Cros
Au bord dun étang bleu où leau se ride
Sous le vent discret dune nuit dété,
Parmi les jasmins, foulant lherbe humide
Avez-vous jamais, rêveur, écouté
La voix de la vierge émue et timide
Qui furtive, un soir, pour vous a quitté
Le foyer ami -- depuis froid et vide --
Où, les parents morts, plus rien nest resté?
Parfum de poison, volupté cruelle
Davoir arraché du sol ce lys frêle
Et davoir hâté luvre des tombeaux
O destruction de quels âpres charmes
Es-tu donc parée ? Et, voilée de larmes,
Pourquoi les yeux clairs en sont-ils plus beaux?