Très haut amour, sil se peut que je meure
Sans avoir su doù je vous possédais,
En quel soleil était votre demeure
En quel passé votre temps, en quelle heure
Je vous aimais,
Très haut amour qui passez la mémoire,
Feu sans foyer dont jai fait tout mon jour,
En quel destin vous traciez mon histoire,
En quel sommeil se voyait votre gloire,
Ô mon séjour..
Quand je serai pour moi-même perdue
Et divisée à labîme infini,
Infiniment, quand je serai rompue,
Quand le présent dont je suis revêtue
Aura trahi,
Par lunivers en mille corps brisée,
De mille instants non rassemblés encor,
De cendre aux cieux jusquau néant vannée,
Vous referez pour une étrange année
Un seul trésor
Vous referez mon nom et mon image
De mille corps emportés par le jour,
Vive unité sans nom et sans visage,
Coeur de lesprit, ô centre du mirage
Très haut amour.