Ne te suicide pas, Seigneur, voici quapparaît une orchidée parmi les ruines,
Ne te suicide pas, Seigneur, voici que renaît le ruisseau dans le cratère dune tombe,
Ne te suicide pas, Seigneur, le ciel a mis du givre sur sa balafre, locéan a guéri sa blessure dun bandage de corail.
Ecoute, Seigneur, ton univers qui était enfantin comme le cartilage, le voilà revenu de sa première fougue, de sa grande désobéissance ;
Les comètes continuent de voyager comme des berlines après une halte au carrefour de deux paniques,
Lazur nen est que plus profond, davoir été un peu rapace,
Laurore nen est que plus belle, davoir failli ne jamais revenir.
Tout na pas tellement changé, Seigneur;
Regarde ce hameau, combien de cascades pourraient naître dans sa mare, combien de peupliers dans son ortie?
Tout na pas tellement souffert, Seigneur;
Déjà lépi de blé pousse dans lorbite de ceux qui moururent de faim,
Déjà les fillettes sautent à la corde sous les ombres de ceux que lon décapita
Tout nest pas tellement tragique, Seigneur,
Puisquil y a la route sans fin où même lexil est oublié,
Puisquil y a le vent si doux que même les soupirs y sont joyeux,
Puisquil y a tout ce qui hurlent limmense plaisir dêtre vivant !